En décembre 2011, l’Assemblée Générale des Nations Unies a officiellement désigné le 15 juin comme jour dédié à la sensibilisation mondiale contre les abus et maltraitances infligées aux personnes âgées.
Cette question est au cœur des préoccupations des adhérents de la FIAPA, qui dénoncent les maltraitances dans les instances internationales depuis des décennies et œuvrent pour un réel accès aux droits des aînés. En 2003, lors de son Conseil d’administration à Dakar, en présence de la Ministre du Développement Social au Sénégal, la FIAPA annonce son projet d’enquêter et d’alerter sur les problèmes spécifiques de maltraitances financières et d’emprise en général.
En 2008, le rapport d’enquête mené par plusieurs fédérations membres de la FIAPA en France, en Italie, en Espagne et en Belgique, voit le jour dans le cadre du programme européen DAPHNE. Il fait état d’une progression alarmante des malversations financières à l’égard des personnes âgées, au domicile et en établissement et met en évidence la notion de « délinquance astucieuse ».
En 2011, dans le cadre d’un rapport de mission sur les maltraitances financières à l’égard des personnes âgées et mandaté par le Médiateur de la République française, Alain Koskas, (président du conseil scientifique de la FIAPA), avait déjà énoncé la nécessité urgente de communiquer, former, sensibiliser, d’échanger les bonnes pratiques en la matière et surtout le besoin impérieux de conduire les recherches nécessaires permettant une meilleure connaissance du phénomène.
En Italie, la Campagne nationale contre les vols et les escroqueries menées chaque année par l’ANAP (Association Nationale des Personnes âgées et Retraitées du Confartigianato-Italie) en partenariat avec le département de sécurité publique du Ministère de l’intérieur, est un exemple de travail collaboratif entre la Société Civile et l’Etat. http://www.anap.it/site/campagna-nazionale-contro-le-truffe-agli-anziani. Ce travail de sensibilisation a commencé à donner des résultats entre 2013 et 2015. Le pourcentage des crimes contre les plus de 65 ans a commencé à régresser en Italie.
En 2015, la Fédération 3977 de lutte contre la maltraitance des personnes âgées en France et la FIAPA ont mis en place une adhésion croisée et une mutualisation des connaissances et des recherches. Cette démarche a permis de favoriser les échanges entre les deux associations ainsi que le développement en commun de dossiers pluridisciplinaires en vue d’une lutte efficace contre la maltraitance, en particulier financière, des personnes vulnérables. Cette fédération a pour mission d’écouter et d’accompagner les personnes âgées ou adultes handicapés victimes d’actes de maltraitance.
Comme précisé dans le site internet de la fédération 3977 :
Personne n’est à l’abri d’être un jour témoin d’une situation de maltraitance.
Chacun doit alors « briser la chaîne du silence » qui conduit à faire perdurer ces situations.
En février 2015, la Secrétaire Générale de la FIAPA, Sonia Guaragna, a présenté à l’ECOSOC-ONU un projet de convention sur la protection des personnes âgées; notre objectif étant d’affirmer les droits fondamentaux des aînés afin qu’ils puissent jouir pleinement et librement de leurs droits de citoyen à part entière, de renforcer les dispositifs d’information de tous les publics et particulièrement des plus fragiles et les plus exposés, de dissuader et de réprimer avec force et une vigueur accrue les prédateurs ou les personnes tentées de le devenir.
Le colloque organisé par la FIAPA et l’ANAP, le 8 avril 2016 à Rome, intitulé « Les maltraitances envers les personnes âgées : éducation, prévention, dissuasion, et répression » témoigne de collaborations possibles : Miviludes (France), Ministère de l’intérieur (Italie), Ministère des Affaires familiales et de la santé (France), Institute The Human Path( Italie), Université « La Sapienza » de Rome (Italie), Communauté d’établissements EHPAD «LE TRAIT D’UNION DU CAILLY» (France), Confartigianato Imprese, (Italie). (youtube)
Le président de la FIAPA a inauguré le colloque en précisant :
« Notre préoccupation aujourd’hui, c’est qu’au-delà des maltraitances financières, nous commençons à voir apparaître d’autres dérives comme celles des maltraitances sexuelles sur des personnes âgées ou des attaques à main armée à leur domicile. Ce qui veut dire que nous sommes bel et bien devant un important phénomène de rupture de société et devant la nécessité absolue de partager pour comprendre ce qui se passe. Sans excuser, je dis bien comprendre sans excuser, prévenir, éduquer, dissuader et sans doute mieux réprimer. Parce que nos codes préventifs et répressifs, sont sans doute encore très mal adaptés, dès lors que nous parlons des aînés présentant une baisse de l’autonomie, une entrée dans la dépendance et plus généralement une fragilisation physique et (ou) sociale qui pose le défi du soutien et du maintien de leur citoyenneté. Que ce soit au niveau de la protection avec les sauvegardes nécessaires, que ce soit au niveau de leur participation à la vie civile, que ce soit au niveau de la punition de leurs prédateurs, et je dis bien de la punition et non pas seulement de la compréhension, nous devons ensemble avoir des débats riches, contributifs, sans tabou. Nous demandons à chacun de vous de ne pas hésiter à nous dire ce qu’il a vécu, ce dont il a été témoin quel que soit parfois le sentiment d’impuissance voire d’agressivité qui l’habite. »
En termes de protection et d’accompagnement des personnes vulnérables, les objectifs prioritaires pour la FIAPA, ses membres et ses partenaires associatifs, et institutionnels sont la mise en place :
- de systèmes d’alerte pertinents
- de stratégies efficaces,
- de législations adaptées,
- de formations spécifiques, aboutissement d’observations et de recherches action,
- de changement de paradigme sur la citoyenneté des aînés fussent-ils vulnérables,
- de prévention et d’accompagnement des souffrances éthiques des aidants professionnels et familiaux
- d’un épanouissement du droit au répit avec les moyens et les partenariats adaptés à une véritable reconnaissance et une vraie mise en œuvre.
Car le combat contre les maltraitances et pour les droits des personnes âgées est une problématique mondiale qui nécessite que la communauté humaine tout entière se mobilise !